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Une étude mesure l’impact de l’obésité sur la croissance de l'économie mondiale

Selon une étude de la revue BMJ Global Health, les taux d’obésité en constante augmentation coûteront à l’économie mondiale 3,29 % de son PIB d’ici 2060. 
Le coût sera le plus élevé pour la Chine, les Etats-Unis et l'Inde. La France très impactée.

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Woman speaking to doctor

Il est urgent que la planète se penche sur la maladie chronique de l'obésité (1). À la fois pour des questions de santé publique puisque les prévisions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (2) indiquent que le surpoids et l’obésité vont gagner du terrain au cours des décennies à venir, mais aussi pour des questions financières. Car pour l’économie mondiale, l’obésité a un coût de plus en plus élevé.
Selon la revue BMJ Global Health, la maladie qui coûte actuellement l’équivalent de 2,19 % du PIB (produit intérieur brut) mondial chaque année devrait atteindre les 3,29 % d’ici 2060 (3). Au niveau mondial, « près des deux tiers des adultes vivent désormais en surpoids ou en situation d’obésité. Et nous anticipons que cela sera le cas de trois adultes sur quatre en 2060 », a déclaré l'auteure principale de l'étude, Rachel Nugent, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

Coût pour la France : de 50 à 132 milliards de dollars en quarante ans

Grâce aux données économiques récupérées auprès de 161 pays, ces travaux, publiés en septembre 2022 dans la revue BMJ Global Health, fournissent, pour la première fois, une estimation mondiale de l'impact économique de l'obésité.

Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont analysé à la fois les coûts directs comme les soins médicaux, les frais ambulatoires ou les transports liés à la maladie, mais aussi les coûts indirects comme les décès prématurés, l’absentéisme au travail ou la perte de productivité.  D’importantes différences par pays sont observées par cette étude qui se projette en 2060. Le coût de l’obésité pourrait être particulièrement élevé pour la Chine et l'Inde. Aux Etats-Unis, le coût, qui était de 3,30 % du PIB en 2019 (705 milliards de dollars) pourrait atteindre 4,62 % en 2060 (2 500 milliards).

Les prévisions sont tout aussi inquiétantes pour la France puisque l’étude estime que l’obésité a coûté 1,85 % du PIB en 2019 (50 milliards de dollars). En 2060, soit quarante ans plus tard, cette proportion pourrait augmenter à 2,39 % du PIB, soit un coût de 132 milliards de dollars projetés par les auteurs de l'étude. Ce rapport très documenté révèle que l'obésité ralentira également le développement de pays à faibles ressources.

Pour les auteurs du rapport, la croissance de la population et de l'économie d'un pays sont les moteurs principaux de la prévalence de l'obésité. A mesure que les pays s'enrichissent, les régimes alimentaires changent, pour inclure davantage de produits transformés. Dans certains pays, le vieillissement de la population est aussi un facteur clé, car les personnes plus âgées ont davantage de mal à perdre du poids.

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Le coût économique lié à l’obésité « n’est pas attribuable à des comportements individuels »

Selon Francesco Branca de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), il existe de nombreuses réponses possibles. Parmi elles, des politiques de prix visant à facturer plus cher la nourriture contribuant le plus à l'obésité, tout comme les produits très gras ou sucrés.

Le rapport insiste sur la mise en place d'un étiquetage des aliments qui permettrait de mieux informer le consommateur, sur une plus grande prévention et un meilleur accès aux traitements.

Le rapport souligne que le coût économique lié à l’obésité « n’est pas attribuable à des comportements individuels », mais résulte plutôt de l’influence de priorités sociales et commerciales. « Nous devons cesser de blâmer les individus, cesser la stigmatisation », rappelle Simon Barquera du Centre de recherche en santé et en nutrition du Mexique. 

Dans ses conclusions, le rapport estime que ces estimations d’impact, qui peuvent être mises à jour au fil du temps, soulignent « la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du surpoids et de l’obésité par des solutions systémiques, plutôt que de se concentrer sur la responsabilité individuelle, et donnent l’impulsion nécessaire pour encourager l’action politique ».

 

Philippe Saint-Clair

Références
  1. NCD Risk Factor Collaboration (NCD-RisC). Worldwide trends in body-mass index, underweight, overweight, and obesity from 1975 to 2016: a pooled analysis of 2416 population-based measurement studies in 128·9 million children, adolescents, and adults. Lancet 2017; 390: 2627–42 Published Online October 10, 2017
  2. Rapport de l’OMS : l’Europe peut inverser l’évolution de son « épidémie » d’obésité. 3 Mai 2022.
  3. Adeyemi Okunogbe, Rachel Nugent, Garrison Spencer, Jaynaide Powis, Johanna Ralston, John Wilding. Economic impacts of overweight and obesity: current and future estimates for 161 countries. Okunogbe A, et al. BMJ Global Health 2022;7:e009773. doi:10.1136/bmjgh-2022-009773
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