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Pour lutter contre l’obésité, un rapport remis au gouvernement fixe quatre axes de travail

Chargée par les ministres de la Santé et des Solidarités d’une mission sur la prévention et la prise en charge de l’obésité, Martine Laville, professeure de nutrition, préconise d’agir en faveur des plus défavorisés, de développer l’accès aux soins, d’investir dans la recherche et de mieux former les professionnels de santé.

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Woman speaking to doctor

Mieux prévenir, mieux soigner, investir dans la recherche/innovation et porter l’action prioritairement dans les Outre-mer. Tels sont les quatre axes principaux du rapport consacré à l'obésité que la professeure Martine Laville, responsable du Centre intégré de l’obésité (CIO) aux Hospices civils de Lyon, a remis, jeudi 27 avril, au ministre de la Santé, François Braun, et à celui des Solidarités, Jean-Christophe Combe(1)« L’obésité est un déterminant majeur de la santé, favorisant l’apparition de nombreuses autres pathologies »(1) (2), souligne, en introduction de son rapport, la professeure Laville. Elle rappelle aussi que « l’obésité est un marqueur majeur des inégalités sociales de santé, en raison de son lien avec le niveau socio-économique et(ou) d’éducation »(1) (3).

8,5 millions de personnes atteintes d’obésité, soit deux fois plus qu’en 1997 (4)

Spécialiste de nutrition, la professeure a été missionnée, en décembre 2022, pour présenter un rapport sur l’obésité(5) et proposer des mesures concrètes. 

Objectif : mieux prévenir et prendre en charge l’obésité, une pathologie qui touche aujourd’hui 17 % des adultes en France, ce qui représente 8,5 millions de personnes, soit deux fois plus qu’en 1997.(4)

Les projections sont d’autant plus inquiétantes que, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui évalue actuellement à 35 % la proportion des adultes atteints d’obésité ou de surpoids dans le monde, le chiffre de 25 à 29 % d’adultes en situation d’obésité en France pourrait être atteint d’ici 2030 (25 % pour les hommes et 29 % pour les femmes). (6)

Une restauration scolaire attractive, des informations sur le poids et la taille…

Dans son rapport remis au ministre de la Santé François Braun, la professeure Martine Laville fixe quatre axes principaux :

  • Mieux prévenir, pour diminuer l’incidence de l’obésité en agissant prioritairement sur les plus défavorisés.
  • Mieux soigner, en permettant à un nombre croissant de personnes en surpoids ou en situation d’obésité d’accéder à des soins adaptés à leur situation.
  • Investir dans la recherche et l’innovation, pour parfaire la connaissance des déterminants de cette maladie complexe et mettre au point les traitements les plus adaptés.
  • Investir prioritairement dans les Outre-mer.

Afin de répondre à ces exigences, la rapporteuse avance 40 pistes concrètes. Parmi elles : le développement d’une offre de restauration scolaire attractive pour les élèves des quartiers prioritaires afin de faire diminuer l’incidence de l’obésité ou l’interdiction des publicités télévisées pour les produits de mauvaise qualité nutritionnelle durant les plages horaires visionnées par un grand nombre d’enfants et d’adolescents.

A des fins d’études épidémiologiques, le professeur Laville estime qu’il est indispensable de recueillir, systématiquement et de manière anonymisée, le poids et la taille lors des examens périodiques de santé de l’enfant, lors des périodes du service national universel et au cours des visites de prévention.

Du dépistage précoce de l’obésité au repérage du surpoids et de l’obésité intégré dans la nouvelle consultation

Dans son rapport qui a fait l’objet d’un communiqué du ministère de la Santé(7), le professeur Laville insiste sur la nécessité de mieux soigner les personnes en situation d’obésité en leur permettant d’avoir accès à des soins adaptés et de mieux former les professionnels de santé à cette maladie.

Si le dépistage précoce de l’obésité constitue un axe essentiel de travail, Martine Laville préconise d’intégrer le repérage du surpoids et de l’obésité dans la nouvelle consultation de prévention à 25, 45 et 65 ans. Elle propose de la valoriser comme une consultation longue, notamment en raison du fait que cette maladie « s’accompagne de complications entraînant l’apparition de diabète, de maladies cardio-vasculaires, et de cancers ».(1)(8)

Dans son rapport, cette professeure de nutrition recommande de soutenir la recherche et l’innovation en développant notamment les cohortes de population suivies afin d’obtenir un état des lieux précis de l’obésité en France.

Dans un dernier volet, la rapporteure estime qu’il est urgent d’agir prioritairement dans les régions et départements d’outre-mer, territoires où la population se heurte à de nombreuses difficultés sanitaires et où la prévalence de l’obésité est importante.(9)

« Une feuille de route coordonnée et ambitieuse » qui s’inscrit dans la refondation globale du système de santé

Selon le ministère de la Santé et celui des Solidarités, ce rapport consacré à l’obésité est en adéquation avec les engagements du président de la République et des priorités présentées par la Première ministre. 
«L’objectif de mieux soigner et de mieux prévenir l’obésité s’inscrit pleinement dans la refondation globale de notre système de santé entamée ces derniers mois. Ils porteront donc, dans les prochains mois, une feuille de route coordonnée et ambitieuse permettant de poursuivre ces objectifs », soulignent les deux ministères qui entendent veiller « à ce que les actions conduites dans le cadre du Conseil national de la refondation en Santé(10), des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant(11) et du Pacte des solidarités(12), accordent toute sa place à cet enjeu majeur de santé publique et fassent émerger de nouvelles actions ambitieuses ancrées dans les territoires. »

Philippe Saint-Clair

Références
  1. Professeur Martine Laville. Mieux prévenir et prendre en charge l’obésité en France. Avril 2023
  2. Karine Clément et Nathalie Viguerie. Obésité, une maladie des tissus adipeux. Inserm
  3. de Saint Pol T. Obésité et milieux sociaux en France : les inégalités augmentent. Santé Public France. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2008, n°. 20, p. 175-9
  4. Annick Fontbonne, Andrew Currie, Patrick Tounian, Marie-Christine Picot, Olivier Foulatier, Marius Nedelcu, David Nocca. Prevalence of Overweight and Obesity in France: The 2020 Obepi-Roche Study by the “Ligue Contre l’Obésité”. J. Clin. Med. 2023, 12(3), 925
  5. Mission sur la prévention de l’obésité confiée à Martine Laville. Ministère de la Santé et de la Prévention et Ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.
  6. World Health Organization European Regional Obesity Report 2022
  7. Remise du rapport « Mieux prévenir et prendre en charge l’obésité en France ». Ministère de la Santé et de la Prévention. Avril 2023
  8. Ivana Vucenik, Joseph P. Stains. Obesity and cancer risk: evidence, mechanisms, and recommendations. Annals of the New York Academy of Sciences. Volume 1271, Issue 1: Nutrition and Physical Activity in Aging, Obesity, and Cancer. Oct 2012
  9. Sylvie Merle et Natacha Neller. Prévalences de l’obésité, des maladies chroniques et des déficiences en micronutriments. Alimentation et nutrition dans les départements et régions d’Outre-mer. 
  10. Conseil national de la refondation (CNR) - Santé. Ministère de la Santé et de la Prévention. Oct. 2022
  11. Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant. Ministère de la Santé et de la Prévention. Mars 2023
  12. Le Pacte des solidarités. Organisation et déroulement de la concertation. Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pa
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