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Sensibilisation Préjugés

Marie, l’obésité à fleur de peau

C’est le mot ‘’tristesse’’ qui lui vient à l’esprit lorsqu’elle doit décrire l’obésité. A 28 ans, cette maman courage a passé une partie de sa jeune existence à combattre les préjugés. Son crédo : que les autres ne se fient pas aux apparences.

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De la brume dans les yeux, une larme sur la joue, de l’émoi dans la voix. Marie a la sensibilité à fleur de peau quand elle parle de « son passé de ronde », du sentiment de culpabilité qui la poursuit. Elle bascule dans l’émotion quand elle raconte les moqueries qu’elle a affrontées, les épreuves qu’elle a endurées, sa maladie qu’elle combat au quotidien. 

Mais Marie l’hypersensible est aussi Marie l’hyper déterminée depuis cet instant précis où le reflet d’un miroir lui a renvoyé une image déroutante. « J’étais en apprentissage coiffure et un jour, en me regardant de profil dans une glace, j’étais en débardeur, et j’ai vu la taille de mon bras. J’ai été choquée, je me suis dit qu’il fallait agir », se remémore celle qui a toujours été « plutôt bien en chair » comme elle le dit avec pudeur.

L’épisode remonte à une petite dizaine d’années. C’est à ce moment que Marie prend conscience de son obésité. « J’ai toujours été ronde depuis que je suis enfant. A l’adolescence, j’ai continué à grossir, mais mon poids parvenait à se stabiliser », se rappelle-t-elle. Confrontée à un contexte familial compliqué qui parfois lui reproche son poids, Marie se réfugie dans une alimentation erratique et excessive. « L’obésité est une maladie, la nourriture est comme une addiction pour moi », affirme-t-elle aujourd’hui avec certitude.

En 2015, elle bénéficie de la pose d’un anneau gastrique, qui n’a pas eu l’efficacité espérée. « J’ai vécu cinq ans avec, mon poids faisait le yo-yo. Dans la vie de tous les jours, c’était très difficile. On me conseillait de faire des régimes en m’expliquant que ma fille devait avoir honte que je l’amène à l’école ou que je devais écraser mon mari dans le lit. C’était très douloureux. Je n’osais plus aller au restaurant car je savais que je ne rentrerais pas dans les chaises, pareil pour le cinéma. Une fois je suis entrée dans un fast-food, cela a été catastrophique, j’ai eu droit à des insultes. J’ai encaissé beaucoup de méchancetés, de moqueries, de haine parfois. C’est vraiment triste et c’est choquant. J’ai beaucoup souffert à cette période, mais je ne blâme pas la société, car ce n’est pas à cause d’elle que je suis devenue grosse. C’est de ma faute, ce sont mes soucis à moi… ». Une culpabilisation qui, telle une spirale infernale, a enfermé Marie dans sa maladie.

S’enchaînent alors une grossesse compliquée, une dépression et de très graves soucis de santé. Son pronostic vital est engagé à deux reprises. 

« J’avais des difficultés à marcher, j’avais des séquelles aux poumons », se souvient Marie qui compense à nouveau sa détresse par la nourriture. 

« Faire reculer la stigmatisation, arrêter de juger…il faut montrer des corps normaux, gros, fins, petits, grands. On est tous fait différemment »

-Marie

En 2021, la décision est prise. Marie se lance dans un parcours de soins qui conduit à la réalisation d’une sleeve. Elle perd 40 kilos, se sent mieux, rencontre Bertrand Perret, le photographe qui prépare une exposition photo sur les « Corps gros » à Lyon (1)

« Le fait de participer au shooting photo a constitué une aide psychologique extrêmement précieuse. Son travail m’a beaucoup aidé à m’accepter, à voir le changement de mon corps. Quand on perd beaucoup de poids d’un coup, on ne voit pas forcément la métamorphose. D’ailleurs, au début, quand j’achetais des vêtements sur internet parce que, bien sûr, je n’osais pas me rendre en boutique, je prenais des habits beaucoup trop grands. Se redécouvrir et se montrer aux autres à travers des photos, ça aide beaucoup psychologiquement ». 

Du coup, quand Novo Nordisk lui a proposé de participer à la campagne de sensibilisation contre l’obésité et les préjugés (2), l’hôtesse de caisse de 28 ans n’a pas hésité une seule seconde. « Cela me tient énormément à cœur et me touche personnellement. Je vis l’obésité au quotidien. Il faut s’engager pour faire évoluer le regard sur cette maladie car nous sommes tout le temps jugés comme si on était des monstres. On ne nous voit pas comme des personnes malades. » 

Et Marie de décliner la réalité d’une pathologie aux multiples fléchages comme les problèmes cardiovasculaires, les difficultés de respiration, les soucis de sommeil… 

Au fil du temps, Marie s’est forgé une carapace. « Quand vous avez frôlé la mort, il n’y a plus grand-chose qui vous touche », avoue, non sans émotion, celle qui s’est fixé comme objectif de passer sous la barre symbolique d’un poids à trois chiffres. « Aujourd’hui, je fais 105 kilos et j’ai un IMC (3) de 35. Mon souhait, descendre à 80 kilos grâce à l’aide de la psychologue, du nutritionniste et de la diététicienne qui m’accompagnent. C’est un combat, je veux le gagner. »

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Metric Imperial
Metric / Imperial

Si son parcours de vie est à jamais gravé dans ses souvenirs, Marie a aussi souhaité dessiner son histoire sur son corps. « Chacun de mes tatouages porte une signification. » Celui avec les roses, c’est en souvenir de sa grand-mère aujourd’hui décédée. Le renard et le bébé sur l’avant-bras sont dédiés à la protection de sa petite princesse née sous le signe de la ténacité. Le prochain révélera un Phénix, symbole d’une renaissance immortalisée… à fleur de peau.

Philippe Saint-Clair

Références
  1. Le corps gros #métamorphoses, Bibliothèque 1er arrondissement, 7, rue Saint-Polycarpe, Lyon. Du 1er février au 12 mars 2022.
  2. La campagne de sensibilisation Novo Nordisk « Les préjugés ne soignent pas l’obésité » sera visible du 28 février au 6 mars 2022 dans 300 emplacements du réseau des transports franciliens.
  3. Indice de masse corporelle.
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